.The.White.Lion.

(Créa d'img perso, juste retouche + montage (je ne suis pas artiste à ce point), donc pas touche sauf si tu veux que je te harcèle à vie)

Je les ai toujours entendu dire que je ne comprenais pas, que la seule chose à laquelle je pensais c’était de les dévorer si on me laissait sortir de ma prison de verre. C’était vrai en partie. Je suis un carnivore après tout, j’aime la viande et les enfants qui venaient taper à la vitre pour retenir mon attention me mettait hors de moi, ils me dérangeaient pendant ma sieste, n’en faire qu’une bouchée devenait une évidence. En ce qui concernait la compréhension, ils avaient tort sur toute la ligne. Je ne savais pas comment ni pourquoi, mais j’ai très vite assimilé le langage des bipèdes, les comprenant sans jamais pouvoir répondre que part des rugissements qu’eux ne comprenaient pas par contre. Difficile de leur faire comprendre alors que mon souhait était de sortir de cette cage, de ce zoo, et de regagner ce qu’ils appelaient mon milieu naturel. Je ne le connaissais pas encore, mais j’avais très hâte d’y aller parce que je les ai souvent entendu parler de vastes étendues, de plaines rougeoyante au soleil, de verdure ou de terres arides. N’importe où aurait mieux fait l’affaire qu’ici, après tout, l’herbe est toujours plus verte ailleurs dit-on, et être l’attraction principale m’étais très déplaisante. Pourtant je leur dois aussi la vie, à ce qu’il parait, j’étais voué à une mort certaine bien que je ne m’en souvienne pas.

J’ai continué à tourner longtemps et plus encore, l’adage ‘tourner comme un lion en cage’ n’avait jamais été aussi réel, j’étais un lion, j’étais en gage, je ne manquais de rien sauf d’une chose. La liberté.  Une sensation que j’avais cruellement besoin de faire mienne. Un espoir que je croyais vain.

La nuit de mon quatrième anniversaire je me suis réveillé sous un ciel noir, il n’y avait pas de lune et je me suis rappelé m’être dit qu’elle était simplement caché par la brume parce que j’y voyais mal. Je me suis levé pour aller me placer sous l’arche de pierre qui me servait de couche, mais je suis tombé et par deux fois, avant de me rendre compte que loin d’avoir quatre pattes, j’avais deux jambes et une nouvelle perceptive de vie. 

L’introduction ne fut pas aussi facile que mon entrée au Zoo. J’étais jeune et je ne connaissais absolument rien de ce monde situé en dehors des grilles de cette prison pour animaux. En dehors de ma cage tout court. J’ai dû apprendre et ça n’aurait pas aussi facile si j’avais été obligé de le faire seul. Heureusement il y a eu Arthur, ce vieux monsieur qui a pris en pitié l’être apeuré que j’étais. Ce vieux libraire ne savait pas ce qu’il avait recueilli –tout comme je ne savais plus ce que j’étais réellement- ce soir où je lui suis rentré dedans. J’avais physiquement l’âge d’un adolescent et cet homme sans enfants ni attache s’est pris d’affection pour moi sans jamais se poser de question sur l’endroit d’où je venais. « Tu as fugué ? » Il n’avait obtenu qu’un oui à cette question et ça semblait lui avoir suffi. Il m’a initié à la vie d’un être humain, il m’a offert un toit, de l’affection, une éducation et la passion des livres. Grace à ça, j’avais pu croire que je finirais par comprendre ce que j’étais exactement. J’étais un animal, j’en suis encore un, mais je suis un humain et capable de choisir, entre les deux, l’apparence qui convient à mon humeur.  Et si je ne tourne plus en rond, je me sens toujours prisonnier de l’ignorance de mes origines.

Je m’appelle Flocon, pas très viril ni très humain comme prénom vous en conviendrez, alors je me sers d’un diminutif. Je suis Flo, fils de libraire et libraire moi-même au ‘‘Délice des livres’’, un petit café-librairie dans la rue des vieux marchands.