Penny McCullought,

méprisée par la Vie.

<< Personne ne sait. Personne ne sait, à part moi, que je pleure parfois. Si je pouvais feindre d'être endormie, quand mes larmes comment à couler... >>

Extrait du Journal, le 31 Décembre 1912.

Quand ses cris se sont finalement tus, j'ai su que c'était fini. Il était mort, et c'était de ma faute. Beniko était mort, Zachiel avec lui et j'étais toute seule à nouveau. Je souffrais mais ce n'était pas grave, j'avais l'impression de me rapprocher de lui. Pourtant, je savais que mon désir était utopique. J'ai eu envie de mourir, et je me suis souvenue de ses paroles, L'immortalité est notre fardeau, l'envie de mourir sera notre fléau. Alors je suis restée là, sans bouger et quand finalement j'ai réussi à penser quelque chose de concret, je n'essayais pas de me rassurer. 

You lose. You raise up. You start. You build. 

Extrait du Journal, le 31 Décembre, 100ans après.

Je me demande pourquoi c'est encore tombé sur moi. J'essaye de voir clair, mais mes yeux s'emplissent de larmes malgré moi. Et je tiens ce petit corps inerte dans mes bras, et je veux qu'elle revienne. Je veux qu'elle revienne. Je me sens vide et dépassée, brisée par un monde devenu fou. La nature tente d'éliminer les Êtres différents, ceux qui sont anormaux et dont je fais partie. J'établie une liste et c'est évident que je me retrouve dans le noir et seule encore, avec les mêmes directives. 

You lose, again. You raise up, again. You start, again. You build, again. 

Asher Azgard, 

oublié par sa Vie. 

<< Pourquoi tombe-t-on amoureux si facilement, même quand ce n'est pas juste ? Parfois, je me dis que c'est mieux de ne jamais se demander pourquoi. >>

Extrait du Journal, le 31 Décembre 1912.

Le fouet tenu par Kenza tomba. Je regardai le corps meurtri de Zachiel, le filet de sang qui glissa le long de sa joue. Je ne savaiis plus ce que je dois ressentir, du triumphe ou de la compassion. J'étais partagé et torturé par mes deux rôles, l'un envers ma famille, l'autre envers la traîtresse. Un sentiment confus bouillonna en moi et je titubai tant il était puissant. Je me sentais soudainement incroyablement faible, au contraire de Kenza qui jubilait de faire souffrir sa soeur. Un éclair d'horreur et de dégoût me frappa, et je sus ce qu'il me fallait faire. 

You join her. You protect her. You never leave her.

Extrait du Journal, le 31 Décembre, 100ans après.

Elle ne se doute pas que je l'entends pleurer. La cloison du mur est si fine. Je sers les poings, j'ai l'impression de la trahier. J'ai failli à ma mission, je n'ai pas réussi à la protéger. Cette nuit, je sais que je resterai éveillé ; parce que je ne peux pas la laisser seule, parce que je ne pourrai pas dormir. Je me figure ses larmes qui roulent sur ses joues et c'est une colère démesurée qui s'empare de mon corps. J'aimerais qu'elle me voit, qu'elle remarque, qu'elle sache que je suis à ses côtés. Je veux qu'elle comprenne qu'elle n'est jamais seule, tant que je suis là. Mais elle n'a jamais compris, elle ne comprendra jamais. 

You join her. You protect her. You never leave her.