Une journée, une anecdote de professeur

Ma semaine commence le mardi à 8h30.

Mardi 9 septembre
Un de mes élèves me demande à aller à l’infirmerie. Je dis oui, il part accompagné. Les deux garçons reviennent : l’infirmière n’est pas là.
Je leur demande alors de me ramener un papier de la vie scolaire pour attester de leur passage.
L’accompagnateur revient… seul.
Bref, il y en a déjà un qui est collé pour la semaine prochaine avec un devoir sur les obligations des élèves. 

Mercredi 10 septembre
Une de mes élèves me demande mon âge. Apparemment, la jeune fille est très intriguée car, je cite : « Vous avez l’air d’avoir maximum 25-26 ans. »

Jeudi 11 septembre
Rien de notable avec les élèves. En revanche, le trio que je forme avec deux collègues est en feu.
Nous avons une collègue professeure d’anglais absolument sublime. Une femme de 40 ans qui, en plus d’être une beauté de la nature, est adorable.
La compétition de l’année : gagner grâce à ses yeux. (et plus si... bon stop). 

Pas de vendredi 12, le professeur à un weekend à vivre, à la semaine prochaine. 

En effet, j'aime évoquer mon métier car c'est une partie intégrante de ma vie, et ma personnalité s'est forgée autour de ça.

Je suis fier d'exercer cette profession.

Le profbashing est une activité exercée par les frustrés sur les réseaux, in real life, les gens sont admiratifs. 

Et quand on me demande mon métier, la réponse est un vrai marqueur social. 

Vive les professeurs. 

On gagne bien notre vie, on a des vacances tous les mois et demi, et les cours se terminent la première semaine de juin, après mai et tous ses jours fériés. 

Pour terminer, on bosse sur 4 jours à l'année. 

Et je veux parler du postbac.

Nos meilleurs élèves de l'année dernière (des gamins avec une moyenne générale de 16) veulent arrêter leurs études : c'est une vraie catastrophe.

Pourtant, nous avons fait en sorte de les orienter le mieux possible vers des formations qui offrent de véritables débouchés.

On fait la chasse aux « bullshit jobs » dans la com, le marketing et le management de projet, qui gangrènent la tête des gamins, sans qu’ils se rendent compte qu’ils passeront des années à occuper des postes payés 100 euros de plus que le SMIC, sans possibilité d’évolution, car ils sont déjà des centaines de milliers dans la même situation. Avec le même CV, avec les mêmes compétences, et qualifications. 

Lisez le livre de David Graeber

Le manque de connaissances de la population sur le monde du travail est fatal.

Nous, on sauve nos gamins.