Petrovia     Malefoy

"Puisque se sont des enfants, parle-leur  de batailles et de rois, de chevaux, de diables, d'éléphants
et d'anges, mais n'omets pas de leur parler d'amour et de choses semblables."

                                                                                         Mathias Enard, Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants

 Bientôt je vous parlerais de cette jeune femme, de son patronyme et de se qu'il signifie.
 Mais surtout je, elle vous parlera de grâce et de monstruosité. Evoquant ses passions, ses amours
 et ses angoisses.

« Salut dans cinq minutes ! » , la voix du régisseur résonne dans les loges. Tout le monde se bouscule. Les corps de ballets se faufilent entre les costumières, les solistes attendent leur moment de gloire, et l'étoile de la soirée savoure sa réussite. On apporte les bouquets de fleurs et tout le monde se mets en rang dans les coulisses en attendant que se termine le dernier mouvement. La salle se lève, elle applaudit à s'en casser les doigts.

Dans la fausse comme au paradis on voit des visages se dessiner. On aperçoit les fortunés, pour qui ce ballet n'est qu'un événement de plus, et derrière eux, dans la pénombre, la jeune femme qui a enfin obtenu de son amant une place pour assister à son rêve de jeune fille. Ainsi que le père de famille ennuyé, mais tellement heureux d'avoir cassé sa tirelire pour sa petite fille, qui rêvait de voir de vraies princesses et de beaux princes. Ceux là sont émerveillés, ils ont rit, crié et pleuré, emporter par la grâce. 

Puis les artistes entrent, monstres et héros se tiennent la main, le sourire aux lèvres. Après dix minutes de folie et d'aller retour sur  scène, les rideaux se referment sur ce monde enchanté. La petite fille saute dans les bras de son père, les deux amants s'embrassent, et tout deux, ainsi qu'un millier d'autre personne quittent leur siège, et retourne à la réalité.

Les loges et les coulisses voient arriver un marée de merveilles, mélange de tulle, de broderies , et de collants, pendant que les décors sont désinstallés et logés dans la réserve. C'était la dernière.
Le metteur en scène arrive dans les loges, il vient féliciter ses marionnettes, les remerciant de leur travail. Chacun se déshabille sans gène, on enleve ses parures, perruques et autres maquillages.  On demande de l'aide à son voisin pour s'extirper de son costume. Au fond, une fée, vêtue d'or, les cheveux d'argent, les yeux d' opale et la peau d' ivoire est assise sur un tabouret.

C'est une vraie fée, une sorcière. Elevée dans un manoir perdu dans les plaines anglaises. Son nom est maudit, décrié, détesté et elle grandit sans comprendre pourquoi. Cette fameuse famille artistocratique...
Elle finit par apprendre, entendre . La vérité détruit, la vérité l'a détruite.

         - Je la regardait et je retombais dans la folie, une folie douce, appaisante. -