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I EAT BOY?
Mon psychiatre m'exhortait à exprimer ma colère. Il m'enjoignait à définir mes griefs et à les signaler à autrui. A son sens il était extrêmement mauvais de conserver toute cette fureur qui grondait en moi. Si je ne me prêtais pas au jeu, elle s'installerait, disait-il.Il avait diagnostiqué chez moi une tendance exagérée à refouler toute sorte de sentiments dès qu'ils se présentaient à la surface.Quelle perspicacité ! songeais-je, iro***. Voilà donc les genres de déductions auxquelles aboutissait le panel de diplômes qu'il arborait derrière son bureau. Indubitablement, on ne pouvait que se trouver impressionné et applaudir allégrement.Bien évidemment, je conservais tout cela pour moi. Faire preuve de sarcasme à haute et intelligible voix, ç'aurait été exprimer le commencement d'une émotion. Je ne souhaitais pas briser la théorie de mon psy.J'avais appris à chasser tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un sentiment dès ma plus tendre enfance.Il en était de même pour l'auteur de mes jours, bien que celui-ci noyât le peu d'émoi qu'il éprouvait dans du crack et une bouteille de vodka. Net progrès, donc, en comparaison à la figure paternelle. Car, de mon point de vue, j'étais parvenu au même résultat sans avoir à recourir à l'alcool et la drogue. Je pouvais par conséquent me considérer comme un autodidacte.Le rejet de toute émotion avait très certainement débuté dans la cour de récréation.
Et là, je m'arrête pour soulever un point capital qui peut prêter à confusion.Un amalgame devrais-je dire, qui émerge dans le cerveau de tout adulte mentalement sain – ou du moins l'état d'esprit qui s'en rapproche approximativement. Ils déclarent, en effet, que l'enfance est synonyme d'innocence. Faux ! m'exclamerais-je s'il leur venait l'idée saugrenue de me demander mon opinion. C'est là une affirmation d'êtres qui n'ont plus été enfant depuis si longtemps qu'ils ne peuvent décemment plus conserver de véritables souvenirs de ce que l'on éprouve à cette époque là. Faute de quoi, assurément, la majorité des hommes de cette planète s'offriraient une vasectomie.
Parce qu'un enfant, c'est avant tout un adulte en préparation. Une espèce d'échantillon gratuit. Rien de plus, qu'un connard en miniature.Donc, s'il y a sur cette planète, un être aussi pervers qu'un homme, c'est bien son gosse.Les enfants sont cruels et dangereux, à n'en pas douter, ils prennent plaisir à faire souffrir leurs petits camarades, u***ment parce que cela leur apparaît distrayant.Ils étaient devant moi comme une meute de hyènes devant leur proie, ricanant, méchants, violents parfois. Juges des apparences. Bourreaux du non conventionnel.Alors ils m'insultaient, moi, mes vêtements, mon allure globale, en visant plus particulièrement ma catégorie sociale.Toujours dans l'exagération. Toujours dans le mépris.« Pouilleux ! » « Clochard ! » « Gitan ! » Comme les mots peuvent être blessants. Et spécifiquement dans l'oreille d'un enfant qui n'a rien pour se défendre. Pas même un ami, pas même la rhétorique – pour le peu que cette dernière ai pu avoir la chance d'influencer un groupe.
Ma réaction, la seule que je connaissais alors, était de réfréner la colère, parfois brûlante, parfois glacée, qui jaillissait en moi et de patience jusqu'à ce qu'ils se lassent ou que la cloche raisonne.Je me considérais comme une bouilloire. La rage était comme l'eau qui écumait en moi, frappant désespéramment contre les parois sans pouvoir se déverser d'elle-même.L'école n'était pas l'u*** lieu où j'avais compris qu'il me fallait abandonner la pensée d'exprimer ce que je ressentais.Auprès de mon père, et tout le long de mon existence – soit quinze ans de misérable ébullition silencieuse -, il était devenu clair qu'il était préférable de refréner tout jugement.Au point que le gamin que j'étais avais trouvé cela tout à fait naturel que son père s'offre une pipe en verre - ainsi que la garniture habituelle qui l'accompagnait -, avec l'argent de la cantine scolaire.Les pilules et les séances de thérapie étaient supposées m'aider à me comporter comme une personne normale.Pas comme un sociopathe.Je m'explique. Jusqu'à il y a peu de temps, j'étais ce que l'on peut qualifier – et nul, de ma famille, aux adolescents de mon collège ne s'en privaient, croyez-moi – de « bizarre ». Je le reconnais. Mais, voyons les choses ainsi, mon cas relevait davantage de la psychologie que de la psychiatrie.J'étais un asocial, à la frontière de l'agoraphobie, tout ce qu'il y a de plus complexé et renfermé. Rien de bien grave. Dans le sens où, je n'ennuyais personne. Bien qu'on ne put dire que la réciproque fut exacte.Depuis mon enfance, je canalisais toute la colère que déclenchaient chez moi les gens que je rencontrais. Car, tous, sans la moindre exception, avaient immanquablement quelque chose à redire à mon propos.J'étais trop mal habillé. Trop chétive. Trop silencieuse. Trop timide. Trop passive. Trop contemplative. Trop médiocre. Trop inamical. Trop inexpressive. Pas assez vivante.Et chaque fois la critique venait me percuter avec la violence d'un uppercut. Et là colère enflait. Elle s'installait dans chaque partie de mon corps. Là où elle s'exprimait le plus clairement était dans mon cerveau.J'avais fini par la personnifier sous la e d'un tout petit bonhomme rougeaud, grognant et trépignant. Il avait décidé de s'installer dans ma tête après en avoir longuement débattu avec lui-même. « Mmm... Un peu sombre et poussiéreux, mais une bonne déco et ça devrait aller. » Il avait ramené ses meubles high-tech, passé un bon coup de balai et décidé que l'ensemble lui convenait.Le problème qu'il n'avait pas pris en compte toutefois, c'était que vivre dans mon crâne, c'était comme ha***r près d'une rame de métro. Chaque fois qu'on m'importunait – approximativement à la même fréquence que le nombre de passage sur une ligne du même métro -, les murs de sa demeure se mettaient à trembler. Et le petit bonhomme fulminait, tapait contre les parois sans pouvoir rien faire. On n'arrête pas un train qui passe.Bien sûr, il avait évidemment fallu que la bouilloire explose.C'était à ce moment-là que j'étais passé de la catégorie « dégénéré léger » à celle de « carrément fêlé et bon à enfermer ».
Et maintenant j'ai appris la vie ? A méditer. Ruth.
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