R.P.G

Moyen-âge-hérésie-fantastique

Le scri.pte, Adelphe.

- Moi ? Je suis  scrip.te. Je parcourais le pays lorsque le seigneur de Tardivel m'a demandé. Je suis arrivé à son chevet après son viatique. La voix enrouée et le regard hagard, il se mit à pérorer. Tandis que le souffle lui manquait, il parcourait des yeux la chambre dans laquelle il était confiné depuis des semaines. Ses révélations lui rendirent des couleurs et la peur de la mort avait laissé place à l'espoir. Un espoir vain et fragile, un peu niais et hésitant tout comme la mission qu'il me confia. Voyez-vous, on a pas tous la chance de pouvoir se marier avec son âme-soeur, mais de là essayer de la retrouver après tant d'années...

Nous étions bientôt en 1348, cette année qui marque l'arrivée de la Dame rouge et de bien des destins.

J'ai omis de me présenter ! Excusez mon indélicatesse. On me nomme Adelphe le Miraculé. On dit que les yeux sont la fenêtre de l'âme. Hélas, n'ayant plus qu'un oeil, on pourrait dire que mon âme s'est quelque peu assombrie et renfermée...J'espère que ce corps mal nourri et efflanqué ne vous fera pas oublier ce dont je suis fais ou plutôt ce que je renferme. Je ne trimballe pas ce surnom pour rien, après tout...Il est pareil à mon écritoire et ne me quitte jamais.

Puisque Dieu m'a donné une seconde chance, je ferais tout mon possible pour l'honorer.

Malheureusement, les fleurs ne suffiront pas à cacher l'odeur de la mort. Celle qu'on ne serait nommer que dans d''indonlents murmures, dans le noir profond de notre conscience, tiraillée par sa propre existence, qu'elle sait funeste, frémissante dans une toile d'araignée...L'attendant, la faucheuse qui se plait à jouer avec sa nourriture sans même la toucher et la touchant plus profondèment que n'importe quelle autre pensée.

Je ne suis qu'une prière, un psaume éxorché, qui ne guérit ni ne protège le malheureux qui a la voix stridée de feu lorsqu'en dernière espoir, il se met à chanter.

Oui...Il faudra le chanter pour comprendre toutes les fêlures qui se coachent derrière ces beaux mots, dont le sourire écarlate est aussi souillé que le support sur lequel ils reposent, cadavres roides et figés dans ma peau

A.

L'inquisiteur Amadeus.

L'aimé de Dieu, une véritable insulte...

Ce qu’il voyait le roidit. Tant de souillures, tant d’imperfections sur ses mains qui abritaient entre leurs crevasses toute l’infamie de l’Homme. Il admirait ses deux paumes à la lueur d’une bougie dont le jeu de lumière adoucissait faussement son faciès. Les paroles de son acariâtre mère lui revinrent en une maline mélopée. Il était un chiffon qui se gorgeait de la misère et des maux après les avoir nettoyé.  Il n’était qu’une éponge incapable d’être essorée. Il devenait ce qu’il chassait. Il se regarda vaguement dans le miroir. Ses yeux dilatés n’étaient plus que deux billes noires ourlées de lourdes paupières.  Après tout, était-il vraiment fait pour une vie monastique ? Il avait été un larron de la pire espèce. Planait encore au-dessus de lui le fantôme décharné de son adolescence, qui ne cessait de lui rappeler cette marque au fer rouge...

-Un homme ne peut supporter tous les fardeaux de l'humanité.