R.P.G

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Pendant longtemps, Esteban Wagner avait rêvé de devenir insivible. Aujourd'hui, il était totalement transparent, sa personnalité passive et effacée écrasée sous l'excentricité du grand William Mallord, sorte de ripoux exubérant, troqueur d'oeuvre-d'art et grand rêveur dénué de finesse et de poésie. William Mallord était en tout point, ce que précisement Esteban n'était pas, et pendant longtemps celui-ci avait hésité à revêtir ce visage d'américain aux ambitions farfelues, aux motivations ambigües, à l'esprit déplacé et au caracté explosif pour se rendre comptre, lors d'une de ces nuits d'insomnies, de deuil et de remords échancrés, qu'Esteban ne pouvait vivre sans William. William effaçait chacun de ses regrets, assouvissait certains de ses désirs lointains et oubliés, en outre, ce personnage crée de toute pièce lors d'une crise de maniaco-dépressif, s'était révélé être bénéfique, indispensable à tout espoir de guérison, et la clef d'un monde jusque là interdit, caché et redouté des recluts et des indigents, d'un monde sans lois ni honneteté, d'un monde d'homme têtus et passionnés, d'un monde où trahisons et folies meurtrières faisaient état de législation officielle. Autrement dit : le monde des libérés et des affranchis d'un système corrompu. Mais si Esteban ne pouvait vivre sans William, William lui, n'avait besoin de rien ni personne pour exister, et comme la foudre, il ne lui suffisait que d'un coup du destin pour abattre son poing et sa volonté suprême quelque part, où l'on avait raison de l'admirer, de le craindre et de l'envier, car William était intemporel et comme les oeuvres d'art qui croupissent entassées dans la pénombre des époques fânées et guindées, il était la preuve même du passage et du toucher du génial auprès de la médiocrité humaine.

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Bercés de douces paroles, les voila qui s'engagent dans une aventure folle, loin des petis patûrages et de la nature enchantée, William s'élève et fait règner sur le tiers-état la puissance de l'ostentation, de la possession et de la démesure.